Porter son enfant c’est bien. C’est même très bien. C’est la base même de notre espèce. Nous, humains, faisons partis de la grande famille des « portés actifs ». Le parent porte, ou une autre personne de l’entourage, et l’enfant participe activement (si si, même ton grand de 19kg passé peut le faire). Mais je reviendrais là dessus en détail dans un prochain article sur la physiologie du portage.
Parlons donc sécurité. Par sécurité, on entends souvent nous parents, le fait que l’enfant soit bien maintenu. Car avouons-le, notre principal peur les premières fois : la chute. Alors que bien profondément ancré au fin fond de toi, le portage est inscrit dans tes gènes.
Donc porter sans risque de faire tomber notre chérubin. Certes, c’est un point essentiel. Mais si nous parlions aussi des grandes lignes indispensables au portage, à la vie…la respiration.
Alors ok, un bébé lové en peau à peau nu contre ton corps c’est choupinet tout plein. C’est bon pour vos deux réservoirs à ocytocine et aussi ton entourage (si si, la science le dit, quelqu’un qui en secrète est contagieux pour le reste de la tribu). Mais vouloir reproduire cet effet cocon en balade sans quelques précautions, peut tourner au drame.
Un bébé c’est quoi ? Contrairement à ce que la rumeur urbaine prétend, ce n’est pas qu’une mini reproduction de ton corps (rappel toi mini moi), aux droits et au respect limités (mais je m’étale encore) voir inexistants (stop on a dit). Son corps à sa propre physiologie.
Les premiers mois de vies, ton bébé respire UNIQUEMENT par le nez, jusqu’à ses 3 mois environ. Donc nez obstrué = problème. Tu me suis ? Du coup, si quelque chose vient obstruer ostensiblement ses jolies narines made in #mama, ben cela peut vite virer à la catastrophe, et pas celle de la tache qui ne s’efface pas (c’est la mé-merde).
RÈGLE NUMÉRO 1 : LES VOIES AÉRIENNES DE TON ENFANT, DÉSOBSTRUÉES TU LAISSERAS.
Il ne s’agit pas là de bien le moucher avant de partir, quoique le collier de morve entre tes deux seins soit hyperglam, mais bien de veiller à ce que rien ne vienne se mettre en contact, ou à en limiter l’entrée d’air : cf ton marmot pleurnichard dans ta voiture par 35° sur le parking de carouf vitres fermées bien sûr –> rien n’est au contact de ses narines, si ce n’est la vitre contre laquelle il s’acharne en faisant de belles traces de baves, et pourtant si tu l’y laisse il va y passer. Et pour ton chien même combat (et j’ai pas dit qu’un gosse c’était comme un clébard hein…). Donc même si Tatie te dit de couvrir sa tête et tente de t’enrouler un foulard de force autour de son cou, ben tu dégaine les yeux révolvers et tu dit non.
J’entends déjà venir ta question : » Oui mais quand il fait froid il faut bien que je lui mette son nez à l’abri ? » Certes, mais pas besoin de lui mettre un sac plastique autour de la tête pour avoir chaud (n’essaie pas !), et le foulard bien enroulé au départ autour de son cou va bien remonter autour de son nez durant ta balade et se resserrer, même effet que ton sac plastique, le bruit agaçant du froissement en moins. Je t’expliquerai dans un autre article mes combines anti-froid, et t’as de la chance, car juste pour toi (WTF) je vis en hautes montagnes et il y fait facilement -15° l’hiver.
Donc on oublie tous les bouts de tissus qui vont créer de l’encombrement et on adopte la cagoule attitude, ou bonnet col à pression. Et si je te jure, des cagoules jolies il y en a maintenant plein.
Alors après je t’entends déjà râler : « Oui mais franchement s’il s’étouffe je le sentirai, il se repoussera, cherchera à trouver de l’air ». Et c’est là que je te remet un petit coup de physiologie assassine en te disant NON ! Un bébé qui s’étouffe progressivement, c’est un peu comme la grenouille que tu plonges dans ta marmite froide (enfin toi, pas moi, j’aime trop les grenouilles pour leur infliger ça). Lorsqu’elle sent enfin la chaleur, il est trop tard pour réagir. Ton marmot, c’est malheureusement pareil. Si ses voies aériennes sont obstruées progressivement, ton enfant ne réagira pas immédiatement. Car ne respirant que par le nez, il n’a pas de soupape de sécurité. Une voie d’entrée donc une chance. C’est comme la noyade : silencieux. Les bruits et les soubresauts perçus souvent trop tard, ou même pas du tout. Et double effet kiss cool : en cas d’obstruction un mécanisme d’inspiration profonde rentre en jeu, comme pour chercher plus d’air. Moins il a d’air, plus il inspire vite et profondément, et donc plus il s’asphyxie rapidement.
RÈGLE NUMÉRO 2 : ENTRE TON ENFANT ET TOI, AUCUN TISSUS TU N’INTERCALERAS.
Bon alors du coup tu commences à comprendre que le mieux, ça reste un moyen de portage avec la tête dégagée et pas plaquée contre toi sans visibilité et sans une surveillance facilité possible. Sinon ça donne quoi ? Ben ça :
Et ça c’est juste un arrêt sur image d’un film promo d’un WTF moyen de portage à la neuneu. Je ne vais pas pousser les recherches pour toi en le testant sur mes enfants. Mais cet enfant là est déjà bien trop rouge.
Et je te ne parle même pas du reste : pieds coincés dans le t-shirt, posture d’enroulement non respectée, bref que du bon dans le cochon, ils disaient.
Et comme on ne dis jamais deux sans trois, voici la troisième et dernière règle.
RÈGLE NUMÉRO 3 : MÊME EN CAS DE TEMPÊTE GLACIÈRE, LA TÊTE DE TON ENFANT, SANS PRÉCAUTIONS, TU NE RECOUVRIRAS PAS.
Parce ce que même sans rien en contact, ton enfant peut encore s’étouffer. Donc on garde toujours un regard sur lui. Et même en portage dos, ton portable en réglage selfie peut s’avérer, plutôt deux fois qu’une, très utile.
En effet la posture de base en portage physiologique, dos enroulé en cyphose (entends arrondi), genoux repliés à hauteur de nombril, provoque un maintien automatique de la tête, ni trop en arrière ni trop en avant.
En cas de non application de celle-ci, non seulement la physiologie de ton enfant n’est pas respectée, mais encore une fois, un risque d’étouffement est généré. Car une tête trop en avant ou trop en arrière provoque une altération de l’entrée d’air dans ses poumons. Une tête mal positionnée et l’accès de l’air du nez au poumons est altéré, diminué, car il y a « compression » de ces voies de passage.
RÈGLE NUMÉRO 4 : LA POSITION PHYSIOLOGIQUE TOUJOURS TON BÉBÉ AURA.
CQFD, la posture du mannequin de secourisme pour le bouche à bouche, tête bien à plat menton relevé vers l’arrière pour créer un accès facilité à l’entrée d’air directement dans les poumons depuis la bouche (et si tu ne sais même pas quoi je parle, WTF va passer ton secourisme ), et je te rappelle que tout petit, ton enfant ne respire pas par la bouche. Donc on facilite la respiration nasale un maximum.
Pour te donner un ordre d’idée, un enfant commence à acquérir la respiration buccale entre 6 mois et un an. On adopte donc la règle de la prudence, et on généralise cette acquisition aux 12 mois de l’enfant.